Avant-après: mon petit appartement

Il y a deux ans, je lançais la page Facebook De la ruelle au salon. J’avais envie de dire aux gens que beaucoup de trésors sont souvent à portée de main, et qu’il n’y a pas besoin de dépenser des fortunes pour avoir une belle maison. En plus, on peut retirer un plaisir et une fierté immenses à chercher, rénover, recycler.  Je venais tout juste de terminer un contrat de recherche pour une émission de télé et je vivais dans un beau grand condo à l’hypothèque étouffante. Mais j’avais envie d’autre chose.

Comme la plupart des objets que je possède m’ont coûté peu d’argent, je n’ai aucun problème à les transformer, à les modifier, ou à les faire disparaître lorsqu’ils ne me plaisent plus. Je peux me permettre de suivre une mode très passagère, si l’envie m’en prend, ou d’essayer au contraire quelque chose qui n’est pas à la mode du tout. Je peux faire des expériences et changer d’avis à peu près n’importe quand. Si j’avais investi plusieurs milliers de dollars dans un meuble ou un objet, je ne m’accorderais pas cette liberté.

Mon raisonnement est le suivant (et je ne juge pas les gens qui pensent autrement): pourquoi m’endetter, travailler des semaines pour acquérir un canapé, pourquoi alourdir l’empreinte écologique de la planète, pourquoi ne pas me contenter de moins et me permettre de voyager plus souvent?

À ce stade de mes réflexions, mon beau penthouse et l’hypothèque s’y rattachant commençaient sérieusement à me peser. Nous avons donc décidé, Alain (mon amoureux), et moi de redevenir locataires et de trouver un petit appartement pas cher (oui, je sais à Montréal, ça commence aussi à devenir un défi). Au lieu de répondre à des annonces, j’ai plutôt décidé d’en rédiger une afin de nous présenter et d’éventuellement attirer un propriétaire. Cette stratégie a été payante et j’ai eu plusieurs appels. L’appartement de Roger (mon propriétaire) a tout de suite attiré mon attention: un rez-de-chaussée avec cour, à deux pas du métro et en plein dans notre budget.

Lorsque je suis arrivée dans l’appartement, j’ai néanmoins eu un petit choc.

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Avouez qu’il faut travailler fort pour trouver le cachet et le potentiel… (En passant, les dates sur les images sont fausses: ces photos datent de 2014). Les pièces étaient petites et un mur en fausse brique avec une ouverture au milieu (photo 2) séparait la salle à manger du salon. Les armoires de cuisine étaient à pleurer. Pour un changement, c’était tout un changement ! Mais voilà qu’une petite porte s’est ouverte… Au fil de ma visite et des mes discussions avec Roger, j’ai compris que ce dernier était prêt à me faire confiance et à me laisser faire quelques travaux: oui, j’ai eu le culot de lui demander d’abattre un mur et de refaire la cuisine au complet.

De plus, une surprise nous attendait: il y avait un sous-sol. Oui, il était poussiéreux et sentait l’humidité, mais le plafond était assez haut. Il était possible d’imaginer un bureau et peut-être même une « man cave » pour monsieur… Ce dernier semblait d’ailleurs enchanté par sa visite et démontrait un enthousiasme qui sous-entendait « Je ne visiterai pas d’autres appartements. Faisons quelque chose avec celui-ci ». Nous sommes sans doute ce qu’on peut appeler un couple complémentaire: autant l’environnement dans lequel je vis est important, autant lui peut vivre n’importe où. Enfin, malgré l’ouverture d’esprit du propriétaire et le sous-sol, je ne voyais pas comment j’allais pouvoir vivre là.

Nous avons terminé la visite en disant à Roger que nous allions le rappeler le lendemain. Il y avait une autre visite après nous. Nous avons marché dans la ruelle et Alain n’arrêtait pas: « On ne trouvera jamais un rez-de-chaussée lumineux, avec cour, sous-sol, à 100 mètres du métro et de l’épicerie. Et surtout pas à ce prix. » Il a ajouté quelque chose pour me mettre au défi et flatter mon orgueil: « T’es tellement bonne que tu vas réussir à faire quelque chose de super beau ». Je me doutais bien qu’il avait hâte de classer le dossier « recherche d’appartement », mais j’ai repensé aux deux années précédentes où il m’avait soutenu dans mon projet de blogue, et accepté de me donner un coup de main pour transporter mes meubles et vivre dans un décor sans cesse en transformation. J’ai dit: « Ok, d’accord, on le prend. » Nous sommes retournés voir Roger immédiatement pour signer le bail.

Nous avons déménagé au mois de juin et nous avons commencé les travaux. Petit budget oblige, nous avons fait décidé de faire le maximum de travaux nous mêmes, et nous avons eu beaucoup d’aide de mon ami Hubert Soucy et de notre proprio. Nous avons passé plusieurs semaines à vivre dans les boites, à manger sur le barbecue et à rêver au résultat final.

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Nous avons enlevé les armoires de cuisine, l’évier, le prélart, ainsi que caisson énorme cachant le tuyau de la hotte. En d’autres mots, nous avons tout détruit de A à Z, et nous avons décidé de tout refaire autour de la magnifique cuisinière rose de 1966 que m’a offerte Hubert.

Après

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Les armoires de cuisine sont d’anciens tiroirs d’usine. Le dosseret est fait à partir du plateau d’une table en formica des années 50 coupé en deux. L’îlot est une ancienne table de laboratoire de chimie d’école secondaire (nous avons gardé les graffitis). Le meuble vert est un ancien cabinet médical en métal. Les portes d’armoires sont des cadres en petits points. Comme la cuisine est petite, nous avons choisi un discret réfrigérateur de comptoir (à gauche de la cuisinière). Oui, je l’ai aussi trouvé sur les petites annonces. Pour notre plus grande joie, en retirant le prélart, nous avons trouvé un plancher de bois franc, que nous avons fait sabler et vernir.

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Le garde manger a été réalisé avec des portes que j’avais récupérées il y a très longtemps. J’ai collé des dizaines de verges en bois sur les parois extérieures.

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Les chaises, le vaisselier, le lustre, la lampe et le tapis ont été trouvés sur les petites annonces, dans des ventes de garage ou des marchés aux puces. Les meubles sont peints avec la chalk paint d’Annie Sloan. La table est une création de Brigitte et de Maude (Renard Flare). Le papier peint à été déniché chez Empire Papiers Peints.

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J’ai un faible pour les petits points (fleurs sur fond noir) et les peintures à numéros, surtout quand elles ont pour thématique des chinoiseries. J’aime aussi beaucoup la vaisselle ancienne.

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Le salon illustre ma passion pour les textiles. Je les adore: brodés, texturés, colorés, récents ou anciens. J’aime les mélanger, trouver une harmonie dans le chaos… J’ai été chercher le canapé en banlieue de Québec. La lampe est une création d’Annie Legault.

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Le pouf a été fabriquée par Anne-Marie Dion. Les objets ont été chinés, le tableau un cadeau d’Hubert Soucy, designer. J’ai trouvé les cerfs au Village des Valeurs. C’est mon chum – un sacré romantique – qui les a disposés pour rappeler la scène du balcon de Roméo et Juliette. Les appliques sont les seuls éléments décoratifs de l’appartement original que nous avons conservés.

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Le papier peint Cole and Son, trouvé chez Empire Papiers Peints a mis en valeur le bois des portes. Le lustre a été trouvé chez Renaissance.

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Une petite trouvaille de mon ami Hubert Soucy qui arrive toujours à la maison avec de belles surprises.

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J’ai acheté le lit d’une dame qui l’avait fait dessiner pour son mariage et qui, vous vous en doutez, n’était plus mariée… Les tables de nuit ont été repeintes avec la peinture Napoleonic Blue d’Annie Sloan. Le papier peint est aussi un Cole and Son. J’adore mon lustre pagode déniché sur les petites annonces ainsi que la « yoyo quilt », une courtepointe magnifique réalisée entièrement à la main.

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La chambre de ma fille est la seule chambre qui n’a pas été repeinte, mais finalement, le style vieillot s’adapte bien aux trouvailles. On est en train de lui faire une belle chambre d’ado toute blanche et épurée (c’est elle qui veut ça, en réaction à mon goût pour les couleurs et le chaos contrôlé, j’imagine). Le dessus de lit est la seule chose que j’aie ramenée de mon voyage en Inde. Le pied de lampe avec les oiseaux est une trouvaille faite chez mon amie Marie-Eve de Dentelle et Fortrelle. Le dessin au fusain date de 1920 et a été acheté pour 5 $ dans une vente de garage.

Voilà. Les travaux ne sont pas terminés: il reste encore le sous-sol et la cour auxquels m’attaquer. Je ne m’attends pas à ce que mon décor fasse l’unanimité. Je sais trop bien que nous ne pouvons pas avoir tous les mêmes goûts.  Si vous aimez le style zen et épuré, je suis définitivement à l’autre bout du spectre. Mon chum décrit d’ailleurs mon style comme « Barbie rencontre Mamie sur le Ritalin ». Mais c’est justement cela qui m’intéresse en déco. J’aime les décors qui racontent des histoires uniques, qui créent des atmosphères personnelles dans lesquelles les gens se sentent bien. Je vous encourage à oser sortir des sentiers battus, à décaper, à scier, à peindre, à créer…

Soyez fières et fiers de vos réalisations !

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